Entrevue avec Jean-Philippe Jacques, Directeur d’Innofibre – Centre d’innovation des produits cellulosiques
Dans un contexte de transformation profonde du secteur forestier, Innofibre se distingue comme un acteur de premier plan pour stimuler l’innovation et soutenir les entreprises. « Nous voulons être une institution de recherche qui accompagne ce changement », affirme Jean-Philippe Jacques, son directeur.
Face aux défis liés à la conjoncture géopolitique, le centre déploie des solutions pour diversifier les marchés du bois et développer des produits permettant de décarboner l’industrie tout en améliorant sa productivité. Cette stratégie constitue une opportunité majeure pour assurer l’avenir du secteur.
Au-delà de son soutien aux entreprises, l’institut veille à aligner ses projets de recherche sur les exigences environnementales et encourage une collaboration étroite avec les autres acteurs du secteur. Il entend ainsi jouer un rôle central dans l’évolution du marché forestier en misant sur la durabilité et la compétitivité.
Au cœur de la décarbonation et de l’innovation
Face aux défis environnementaux et économiques, Innofibre se positionne comme un catalyseur de la transition du secteur forestier. Ses travaux portent notamment sur la réduction des coûts d’approvisionnement et d’opération, les fibres alternatives, les emballages cellulosiques recylables et l’accélération de la décarbonation des usines.
Une de ses priorités est de réinventer l’utilisation du papier et du carton pour substituer des produits issus des énergies fossiles. Par ailleurs, le centre explore le potentiel du carbone renouvelable dérivé des ressources forestières, ouvrant la voie à de nouvelles applications industrielles, notamment en sidérurgie.
Pour concrétiser ces avancées, il dispose de plateformes pilotes uniques, dont des installations spécialisées en emballage papier et en valorisation des bioressources résiduelles. Ces infrastructures de pointe permettent d’expérimenter, d’optimiser et de valider des solutions avant leur industrialisation.
Dans ses laboratoires, des équipements perfectionnés assurent la transformation des bioressources résiduelles : séparation, nettoyage, broyage et séchage. L’objectif est de traiter efficacement les matières contenant des contaminants physiques afin d’en maximiser la valorisation. Cette approche répond aux attentes des entreprises cherchant des solutions innovantes pour une gestion plus efficiente et durable des matières premières.
Une technicienne en chimie analytique réalise des analyses sur le tensiomètre optique.
Miser sur l’innovation locale et les partenariats stratégiques
Pour accroître son impact, Innofibre s’appuie sur des solutions adaptées aux réalités du marché et sur des partenariats industriels stratégiques. Jean-Philippe Jacques insiste sur l’importance d’une approche structurée pour identifier les opportunités de production locale et favoriser le développement technologique.
Dans un contexte compétitif aux importations américaines, le centre prévoit analysé les produits importés afin d’identifier ceux pouvant être fabriqués localement. L’objectif est double : évaluer leur maturité technologique et construire une chaîne de valeur robuste avec les industriels et d’autres institutions de recherche ayant une expertise complémentaire à celle d’Innofibre.
Le développement des emballages cellulosiques constitue une opportunité, mais plusieurs défis freinent encore leur adoption. Si les technologies existent, l’offre peine à répondre à la demande en raison d’un déséquilibre entre les volumes requis. Les grands industriels exigent des quantités importantes, tandis que les plus petites entreprises ont des besoins plus modestes. Cette disparité complique l’établissement d’une chaîne d’approvisionnement viable.
Dans ce contexte, Innofibre pourrait jouer un rôle facilitateur en structurant progressivement le marché et envisagé notamment le développement de prototypes de petites séries pour soutenir les entreprises émergentes jusqu’à ce qu’un acteur privé investisse dans une production à grande échelle.
Cuisine de préparation des sauces de couchage
Vers un modèle économique durable
Jean-Philippe Jacques estime que positionner Innofibre comme un tremplin pour le développement des emballages cellulosiques est réalisable, à condition de disposer des infrastructures, des ressources humaines et des financements nécessaires.
Le succès de cette stratégie reposerait sur la capacité à rassembler les acteurs de l’industrie autour d’un modèle économique viable. Misant sur l’agilité et la collaboration, l’institut conjuguerait son expertise interne avec des partenariats stratégiques pour répondre aux besoins technologiques des entreprises.
L’organisme constate également une évolution des stratégies industrielles, souvent influencées par des facteurs externes comme les droits de douane. Ce contexte constitue une opportunité pour renforcer les relations locales avant d’envisager une expansion internationale.
Dans un secteur en pleine mutation, Innofibre s’emploie à améliorer les processus, développer de nouveaux produits et favoriser la conversion vers des solutions à base de cellulose. Le transfert de connaissances et la formation de la main d'œuvre sont aussi des priorités afin d’aider les entreprises à rester compétitives.
« L’objectif n’est pas de générer des millions, mais de mesurer combien d’entreprises ont été aidées et comment elles ont été accompagnées dans leurs défis », conclut Jean-Philippe Jacques. Une approche qui illustre la volonté d’Innofibre de contribuer activement au développement durable du secteur.
A propos d'Innofibre
Innofibre met à disposition de l’industrie une combinaison d’expertises et d’infrastructures technologiques spécialisées pour soutenir l’innovation et la transformation du secteur forestier. Voici les principales expertises et installations technologiques offertes :
1. Expertises clés
- Décarbonation et transition énergétique : Développement de solutions pour réduire l’empreinte carbone des usines, notamment par la valorisation des résidus, la bioénergie et le développement de carbone renouvelable.
- Fibres alternatives et biosourcés : Recherche et développement sur l’utilisation de fibres alternatives pour diversifier l’approvisionnement et réduire la dépendance et le coût aux matières premières traditionnelles.
- Emballages cellulosiques et matériaux durables : Développement de solutions d’emballage innovantes, recyclables et compostables, avec des fonctionnalités avancées comme des traitements de surface avec des agents barrière biosourcés et des emballages 3D.
- Valorisation des bioressources résiduelles : Techniques avancées de séparation, nettoyage, broyage et séchage des bioressources résiduelles pour maximiser leur réutilisation et minimiser les déchets.
- Optimisation des procédés papetiers : Amélioration de l’efficacité des processus de fabrication pour une meilleure compétitivité et une réduction des coûts.
- Collaboration et transfert technologique : Partenariats avec des entreprises, universités, centres collégiaux de transfert technologique et centres de recherche pour accélérer l’adoption des innovations et structurer des chaînes de valeur locales.
2. Infrastructures technologiques spécialisées
- Plateformes pilotes uniques : Permettent de tester et d’optimiser des solutions avant un déploiement industriel, notamment dans le domaine de l’emballage et de la valorisation des bioressources.
- Équipements spécialisés en emballage papier : Infrastructures de recherche dédiées au développement et à l’optimisation des emballages cellulosiques pour répondre aux besoins du marché.
- Installations de conditionnement et de valorisation des bioressources : Technologies avancées pour traiter des échantillons, séparer les contaminants physiques et valoriser les fibres de bois résiduelles.
Grâce à ces expertises et infrastructures, Innofibre joue un rôle clé dans l’innovation et la transformation durable de l’industrie papetière et forestière.