Longtemps considérée comme un simple résidu du procédé kraft, la lignine prend rapidement de la valeur alors que la demande pour des carburants à faible teneur en carbone augmente.
Les usines en brûlent pour produire chaleur et vapeur, mais la plupart génèrent bien plus de lignine qu’elles n’en consomment. Jusqu’à récemment, ce surplus n’avait aucun débouché commercial. Ce n’est plus le cas.
En Europe seulement, les experts estiment que 6 à 8 millions de tonnes de lignine pourraient être retirées chaque année de la liqueur noire sans perturber l’équilibre chimique des usines. Les volumes sont importants, et les investissements requis demeurent modestes. En ajoutant une étape de séparation, les producteurs peuvent extraire leur excédent de lignine et le vendre de façon rentable.
La demande provient du marché émergent du lignol, un produit raffiné utilisé pour fabriquer du bio-essence et du biodiesel. Les raffineurs, sous pression pour réduire les émissions, cherchent des solutions évolutives. À moyen et long terme, la lignine et le lignol pourraient devenir des produits d’exportation recherchés dans les régions forestières.
Pour l’instant, le frein n’est pas technologique, mais logistique : il manque de lignine séparée pour répondre à la demande. Les premiers producteurs capables d’assurer des volumes réguliers pourraient sécuriser des contrats à long terme dans un marché déjà tendu.
Pour les usines de pâtes, le message est clair : ce sous-produit autrefois valorisé surtout pour l’énergie interne peut devenir une nouvelle source de revenus — et un actif stratégique dans la transition vers les carburants renouvelables.
Source : RenFuel

