Les sacs en papier ont récemment fait parler d'eux en raison d'une décision de la Régie des alcools de l'Ontario (LCBO) concernant son nouveau fournisseur de sacs.
En avril 2023, la LCBO a annoncé qu'elle interdirait les sacs en papier dans ses magasins pour des raisons environnementales, ce que la PPEC et d'autres ont contesté. Un an plus tard, le premier ministre a ordonné au détaillant d'alcool de l'Ontario de rétablir les sacs en papier, ce que la PPEC a soutenu .
En octobre, après un processus d'appel d'offres, la LCBO a attribué le contrat de fabrication de nouveaux sacs à un fournisseur québécois (appartenant à une entreprise américaine), ce qui lui a valu des critiques pour ne pas avoir choisi une entreprise locale basée en Ontario. Le cabinet du premier ministre est depuis intervenu, ordonnant à l'organisme de la Couronne de refaire l'appel d'offres et de chercher un fournisseur ontarien.
Le PPEC n'a pas pour vocation de commenter les processus d'appel d'offres ou les politiques d'approvisionnement du gouvernement. Son rôle consiste plutôt à fournir des faits et un contexte, en particulier lorsque le raisonnement initial à l'origine de l'interdiction des sacs en papier par la LCBO n'est pas contesté et lorsque les articles de presse partagent des informations inexactes sur la recyclabilité des sacs en papier, ce qui crée de la confusion et perpétue les mythes sur la durabilité des emballages à base de papier.
Il était déjà assez trompeur que la LCBO ait annoncé à l’origine que son plan visant à éliminer les quelque 135 millions de sacs en papier utilisés chaque année dans ses magasins permettrait de détourner « 2 665 tonnes de déchets des sites d’enfouissement » et de sauver « l’équivalent de plus de 188 000 arbres chaque année », sans fournir aucun fait pour étayer ces déclarations.
Et maintenant, cet article récent de la CBC, Walmart et la LCBO sont les derniers détaillants à adopter les sacs en papier à usage unique , néglige les avantages environnementaux des sacs en papier, ne fait pas une évaluation complète des sacs réutilisables, ignore le rôle des consommateurs dans le recyclage et la réutilisation, et manque l'occasion de fournir un contexte sur le rôle des sacs et des achats.
Comment sont fabriqués les sacs en papier
Nous ne savons pas d’où vient le chiffre de 188 000 arbres de la LCBO, mais nous savons que l’industrie canadienne de l’emballage en papier n’utilise pas beaucoup d’arbres. Les fabricants canadiens de papier kraft utilisent souvent des sous-produits des scieries, comme des copeaux de bois, des copeaux et de la sciure, comme matière première pour les sacs en papier. L’utilisation de matières résiduelles minimise les déchets en réutilisant un sous-produit qui serait autrement jeté, et réduit en fin de compte le besoin d’arbres.
Essentiellement, les sacs en papier peuvent être fabriqués à partir de matériaux vierges en utilisant des sous-produits d’exploitations forestières, ou à partir de contenu recyclé, ou une combinaison des deux, en fonction des exigences de résistance et de durabilité.
La recyclabilité des sacs en papier
Le PPEC ne comprend pas pourquoi la LCBO suppose que les sacs en papier recyclables sont mis en décharge alors qu'ils sont largement acceptés dans les programmes de recyclage résidentiel et qu'il existe des marchés finaux qui rachètent les matériaux en papier usagés.
Ce qui nous ramène à l’article de la CBC, qui cite le chercheur Calvin Lakhan qui conteste la possibilité de recycler les sacs en papier, affirmant que « le papier brun de qualité inférieure utilisé dans les sacs à provisions n’est souvent pas recyclé » et que « les fibres s’affaiblissent, ce qui réduit les chances de les recycler à nouveau ». Aucune preuve n’est fournie pour étayer ces affirmations, alors clarifions quelques points. Il est vrai que le papier ne peut pas être recyclé indéfiniment, mais il peut l’être en moyenne 5 à 7 fois, après quoi les fibres s’affaiblissent et raccourcissent, puis de nouvelles fibres – provenant de forêts gérées durablement ou de résidus de scierie – sont introduites pour maintenir leur résistance et leur qualité.
Mais pour réaliser cette boucle de recyclage, le sac doit d'abord être recyclé, ce qui est le cas puisque le contenu recyclé moyen des expéditions nationales de carton pour conteneurs et de carton pour boîtes - utilisé pour fabriquer certaines des formes les plus courantes d'emballages à base de papier comme le carton ondulé et le carton - est d'un peu plus de 80 %, selon le rapport d'enquête sur le contenu recyclé 2022 du PPEC , ce qui permet de maintenir les matériaux précieux en circulation, de réduire les déchets et de minimiser le besoin d'extraire des matières vierges.
Même l'article de la CBC affirme que les sacs en papier utilisés par Walmart sont fabriqués à partir de matériaux recyclés à 96 %. La preuve en est faite, et pourtant Lakhan affirme le contraire. Comment peut-on avoir un sac contenant 96 % de matières recyclées sans recycler ?
L’article cite ensuite une statistique d’Environnement Canada selon laquelle environ 55 % des déchets de papier sont recyclés en nouveaux matériaux, ce que Harris qualifie de « statistique qui donne à réfléchir ».
Il n'y a rien d'étonnant à ce que plus de la moitié des matériaux en papier collectés, dont les sacs en papier, soient recyclés. Les fibres de papier représentent la majorité des matériaux détournés des sites d'enfouissement au Canada et, en Ontario, elles représentent près de la moitié de ce qui est collecté dans le cadre du programme de recyclage des boîtes bleues résidentielles, comme le montre le rapport de base sur les déchets et le recyclage 2023 de l'Association des municipalités de l'Ontario.
Les fibres de papier représentent également la majorité des matériaux commercialisés, c’est-à-dire des matériaux qui ont été triés et traités par une usine de recyclage de matériaux, puis mis en balles et vendus afin qu’ils puissent être utilisés à la place de matières vierges.
Ces statistiques encourageantes concordent avec les expériences de l’industrie de l’emballage en papier, où l’utilisation de contenu recyclé fait partie intégrante des opérations de notre industrie.
Une occasion manquée de fournir des faits et un contexte
En plus de passer sous silence les faits concernant la recyclabilité des sacs en papier, l’ article de la CBC ne saisit pas l’occasion de fournir une compréhension plus complète de ce sujet, y compris des informations sur les sacs réutilisables et le rôle du consommateur.
Faits sur les sacs réutilisables
Les entreprises canadiennes ne sont plus autorisées à proposer des sacs en plastique en raison de l'interdiction des plastiques à usage unique imposée par le gouvernement fédéral , ce qui a entraîné un passage vers des alternatives, notamment des sacs réutilisables qui peuvent être fabriqués à partir de plastique, de tissu, de coton, de nylon ou de polyester.
Si les sacs réutilisables devraient théoriquement réduire les déchets, leur durabilité dépend des actions du consommateur, qui doit penser à apporter ses sacs réutilisables lorsqu’il fait ses courses. Selon une étude récente, les Canadiens accumulent plus de 23 sacs réutilisables par personne chaque année, ce qui représente un excédent de plus de 900 000 000 de sacs chaque année .
Les sacs réutilisables que l'on trouve couramment dans les épiceries sont fabriqués à partir de polypropylène (plastique), qui n'est généralement pas recyclable, et comme ils n'ont pas tendance à se décomposer , ces types de sacs peuvent créer involontairement plus de déchets, car les consommateurs cherchent à réduire leurs stocks.
Pour contrer ce nouveau problème de déchets causé par la non-réutilisation des sacs réutilisables, certains détaillants ont même lancé des programmes de recyclage des sacs réutilisables , ce qui va à l’encontre de l’objectif du sac réutilisable.
Rôle et fonction des sacs pour le consommateur
L'article néglige également le rôle du consommateur, qu'il s'agisse de réutiliser des sacs réutilisables ou de recycler les sacs en papier de manière responsable. Il est également important de reconnaître la fonction des sacs dans la manière dont les gens font leurs courses, que ce soit pour se faire livrer des produits d'épicerie ou pour les transporter à la maison. Tout article sur l'emballage doit refléter le contexte réel dans lequel les sacs ont pour fonction de répondre aux besoins des consommateurs, de conserver les produits en sécurité et de faciliter le transport, en particulier à l'ère des achats en ligne, tout en équilibrant les considérations environnementales.
Conclusion
En fin de compte, il ne devrait pas y avoir de controverse autour de la recyclabilité des sacs en papier. Bien qu'il reste encore du travail à faire pour augmenter les taux de recyclage et encourager un comportement responsable des consommateurs, la publication d'articles qui négligent les faits et le contexte ne fait que créer de la confusion et propager de la désinformation.
Rachel Kagan
Directrice exécutive
Conseil environnemental des emballages papier et carton (PPEC)
