Une nouvelle étude de l’Université du Maine, menée par l’Institut de recherche sur les bioproduits forestiers (Forest Bioproducts Research Institute, FBRI), met en lumière une méthode durable pour produire un ingrédient pharmaceutique essentiel, susceptible de contribuer à la baisse du coût des médicaments.
Publiée dans la revue Chem, la recherche décrit un procédé permettant de fabriquer (S)-3-hydroxy-γ-butyrolactone (HBL) — une molécule chirale utilisée dans la production de statines, d’antibiotiques et d’inhibiteurs du VIH — à partir de glucose, avec des rendements élevés. Les molécules chirales, impossibles à superposer à leur image miroir, sont cruciales en pharmacie car elles influencent directement l’efficacité et les effets secondaires des traitements. Leur production est souvent complexe et coûteuse.
Une voie nouvelle issue de la biomasse
Les chercheurs ont démontré que le glucose, dérivé de matières lignocellulosiques comme les copeaux de bois, la sciure ou les branches, pouvait servir de base à la production d’HBL. Cette approche offre une alternative renouvelable et moins coûteuse aux procédés pétrochimiques. Selon Thomas Schwartz, directeur adjoint du FBRI et professeur associé au Maine College of Engineering and Computing, la méthode pourrait s’étendre à d’autres produits chimiques :
« Si nous utilisons d’autres sucres du bois, comme le xylose — un sous-produit inutilisé de la fabrication de pâte et papier — nous pourrions produire de nouveaux produits chimiques et matériaux, comme des produits de nettoyage écologiques ou de nouveaux plastiques renouvelables et recyclables. »
Bénéfices économiques et environnementaux
Le Département de l’Énergie des États-Unis considère l’HBL comme un précurseur de grande valeur pour les médicaments, produits chimiques et plastiques. Les tentatives précédentes de production durable se heurtaient à des coûts élevés ou à des procédés peu sûrs. La méthode de l’UMaine réduit de plus de 60 % les coûts de production par rapport aux procédés pétrochimiques tout en diminuant significativement les émissions de gaz à effet de serre. Elle permet également d’obtenir d’autres produits d’intérêt commercial, comme l’acide glycolique.
Une collaboration élargie
Cette recherche a mobilisé les étudiants du groupe de catalyse de l’UMaine et a été réalisée en collaboration avec le U.S. Department of Agriculture Forest Products Laboratory et l’Université du Wisconsin–Madison. Le projet a bénéficié d’un financement de l’USDA, du U.S. Forest Service et de la National Science Foundation.
En utilisant des ressources forestières renouvelables, les chercheurs estiment que leur découverte pourrait non seulement contribuer à rendre les médicaments plus abordables, mais aussi ouvrir la voie à une nouvelle génération de produits durables issus de la biomasse.
L’Institut de recherche sur les bioproduits forestiers (Forest Bioproducts Research Institute – FBRI) de l’Université du Maine est dédié à l’innovation en chimie durable, en biocarburants et en matériaux renouvelables. Situé à Orono, dans le Maine, il collabore avec l’industrie, les agences gouvernementales et le milieu académique pour développer des solutions à base de biomasse qui favorisent la croissance économique et réduisent l’empreinte environnementale.