Papeteries de Condat en vente : la course contre la montre

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En Dordogne, le groupe espagnol Lecta a confirmé la mise en vente des Papeteries de Condat, dernier site français à avoir produit du papier couché pour l’édition. 

Cette décision, réclamée depuis plusieurs mois par les syndicats et les élus, ouvre une période cruciale pour sauver les 202 emplois encore en poste.

Une usine modernisée mais fragilisée

Située au Lardin-Saint-Lazare, l’usine centenaire ne tourne plus qu’une vingtaine de jours par mois. Elle fabrique désormais de la glassine, un papier brillant utilisé pour les étiquettes adhésives.
Après la fermeture, en 2023, de la ligne dédiée au papier couché — qui avait entraîné 174 licenciements — Lecta avait pourtant investi massivement pour décarboner le site : 30 millions d’euros ont été engagés pour installer une chaudière biomasse, dont 14 millions financés par l’Ademe, tandis que la Région Nouvelle-Aquitaine accordait un prêt de 19 millions d’euros.

Malgré ces investissements, la production reste insuffisante et les dettes du groupe atteindraient près d’un demi-milliard d’euros. Le nouveau président, Dominique Bernard, a reçu pour mission de trouver un repreneur avant le 31 décembre 2025, avec l’appui de la banque d’affaires finlandaise Häggblom & Partners.

Plusieurs repreneurs potentiels

Selon la CGT, cinq à dix investisseurs auraient déjà manifesté leur intérêt. « On a un magnifique outil, tout est neuf. Je ne suis pas surpris qu’on veuille racheter Condat », souligne Philippe Delord, délégué syndical.
La maire du Lardin-Saint-Lazare, Francine Bourra, s’est dite « soulagée » de cette décision, longtemps attendue par la collectivité et les salariés. Les salaires sont garantis jusqu’à la fin de l’année, mais en cas d’échec des négociations, une liquidation début 2026 reste possible.

Les salariés préparent une reprise coopérative

Face à cette incertitude, le syndicat Filpac CGT prépare un plan de reprise sous forme de société coopérative d’intérêt collectif (Scic) — une première dans le secteur papetier. L’objectif : « sauver l’usine, préserver les emplois et redonner aux travailleurs la maîtrise de leur outil de production ». Le projet doit être présenté le 16 octobre.

Pour la Dordogne, cette vente marque un tournant symbolique : celui d’un site modernisé à grands frais, mais toujours à la recherche d’un avenir industriel durable.