Un choc pour les salariés et les habitants de la Charente : les papeteries Lecas et Saint-Michel, deux établissements emblématiques de la région, fermeront définitivement leurs portes avant la fin de l’année 2024.
Cette décision, lourde de conséquences, menace non seulement des centaines d'emplois, mais plonge également tout le secteur papetier local dans l’incertitude.
Les papeteries Lecas et Saint-Michel, fondées il y a plusieurs décennies, ont longtemps été des piliers de l’économie charentaise, reconnues pour leur expertise dans la fabrication de papier de qualité. La fermeture imminente de ces deux sites met fin à une histoire industrielle riche. « C’est une énorme désillusion pour les salariés et la région. On savait que la situation était tendue, mais personne n’imaginait une telle issue », confie un représentant des employés, visiblement abattu.
Derrière cette décision, des raisons économiques implacables. « La demande de papier en Europe ne cesse de chuter, et la pression de la concurrence internationale est devenue insoutenable », explique un porte-parole de la direction. « Malgré les efforts de modernisation et de diversification, nous ne pouvons plus poursuivre nos activités dans ce contexte de marché détérioré. »
La fermeture de ces deux sites menace directement plusieurs centaines d'emplois, laissant de nombreuses familles face à un avenir incertain. Dans une région déjà marquée par des taux de chômage élevés, cette annonce a déclenché une vague d’inquiétude et d'indignation. Les syndicats, en première ligne, ont réclamé l’ouverture immédiate de négociations pour garantir des solutions de reclassement. « Nous demandons des garanties claires pour les salariés. Des licenciements sans accompagnement seraient inacceptables », a affirmé un porte-parole syndical.
Les impacts économiques dépassent largement les seuls employés des papeteries. De nombreux sous-traitants locaux, fournisseurs et prestataires de services qui dépendent de ces entreprises risquent, eux aussi, d’être lourdement affectés, aggravant la crise sociale dans la région.
Face à ce désastre économique, les élus locaux et régionaux multiplient les appels à la mobilisation. « Nous devons tout mettre en œuvre pour préserver l’emploi et attirer de nouvelles entreprises capables de revitaliser notre tissu économique », a déclaré un responsable de la Chambre de commerce et d’industrie. Des fonds régionaux pourraient être débloqués pour soutenir la reconversion professionnelle des salariés et stimuler de nouvelles initiatives économiques.
Cependant, pour de nombreux observateurs, la fermeture des papeteries Lecas et Saint-Michel reflète une tendance de fond dans l’industrie papetière européenne, confrontée à la double pression de la digitalisation et de la mondialisation.
La situation de Lecas et Saint-Michel n’est pas isolée. Depuis plusieurs années, l’industrie papetière européenne est en pleine mutation, confrontée à une demande en déclin et à des transformations profondes des habitudes de consommation. La digitalisation a largement réduit l’usage du papier, tandis que les préoccupations environnementales poussent à un usage plus responsable des ressources, favorisant l’essor des alternatives durables comme le papier recyclé ou biodégradable.
Certaines entreprises du secteur ont amorcé un virage vers ces nouveaux matériaux, mais pour des sites historiques comme ceux de Lecas et Saint-Michel, cette transition est plus difficile. « Ces papeteries ont été construites autour d’un modèle industriel aujourd'hui obsolète, et le passage à des procédés plus durables demande des investissements colossaux », explique un expert du secteur.
La fermeture des papeteries Lecas et Saint-Michel marque un tournant pour l’industrie papetière charentaise, mettant en lumière les difficultés que traverse l'ensemble du secteur en Europe. Si l’espoir de solutions locales existe, avec un soutien aux salariés et la recherche d'investisseurs, cette décision souligne une réalité plus vaste : le secteur papetier doit se réinventer pour survivre dans un monde en mutation rapide.