L'usine Nordic Kraft maintient le cap sur les marchés nord-américains

Source de l'image : Nordic Kraft

Jaclin Ouellet
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L’arrêt de production « temporaire » annoncé récemment à l’usine de sciage Comtois de Produits forestiers Résolu n’aura aucun impact sur les opérations de Nordic Kraft, du moins à court et moyen terme.

C’est ce qu’a laissé entendre Frédéric Verreault, directeur exécutif, développement corporatif, chez Les Chantiers Chibougamau, propriétaire de Nordic Kraft depuis 2017.

Frédéric Verreault,
directeur exécutif, dév. corporatif,
Les Chantiers Chibougamau
Lors d’une entrevue accordée au Maître papetier, M. Verreault a insisté sur le fait « qu’à court terme, il n’y a pas de feu jaune pour l’usine Nordic Kraft de Lebel-sur-Quévillon au niveau des opérations. Il est certain que de pouvoir compter sur un fournisseur de fibres à proximité (l’usine Comtois est située à 9 km de celle de Nordic Kraft) constitue un atout. Mais l’entreprise Chantiers Chibougamau s’est dotée d’une culture de gestion des inventaires au sein de ses installations. Le fait de pouvoir compter sur plusieurs semaines de stock nous permet de faire preuve de résilience face à certains éléments hors de notre contrôle et de maintenir la stabilité des livraisons » explique M. Verreault.

Chantiers Chibougamau récolte chaque année « une quantité considérable de bois », soit entre 600 et 700 mpmp provenant des forêts boréales, riches en épinette noire, dont la fibre procure d’excellentes propriétés, notamment en ce qui a trait à la résistance. Cette fibre certifiée FSC depuis 2020, et utilisée dans le procédé de Nordic Kraft, réduit la consommation totale de pâte NBSK dans une recette de fabrication de papier. Elle offre une meilleure résistance et une surface plus lisse et permet d’accroître la vitesse de production pour les papetiers.

Se démarquer auprès des fabricants de papier tissu

Même si la pâte NBSK Q90 (composée à 80% de fibres d’épinettes noires) convient à la production de plusieurs grades de papier et carton, M. Verreault précise que « les chefs-de-file nord-américains du papier tissu sont particulièrement friands de la pâte NBSK de haute qualité produite à Lebel-sur-Quévillon. »

Cette pâte offre des propriétés uniques aux fabricants de papier hygiénique et de papier mouchoirs, par exemple :

  • Une haute résistance à la traction et à la déchirure
  • Une bonne capacité d’absorption et de rétention d’eau
  • Une surface plus lisse et douce
  • Des propriétés de blancheur et d’opacité rehaussées
  • Un faible peluchage de la feuille.

Les producteurs de papier tissu sont ainsi en mesure d’améliorer la qualité de leurs produits, de réduire les bris et les rejets, d’augmenter sensiblement la production et d’améliorer l’efficacité énergétique. « Ca leur permet du même coup d’avoir une image plus écologique pour leur clientèle commerciale, particulièrement sensible aux questions environnementales, » ajoute M. Verreault.

Des investissements de plus de 400 millions$ CA

Nordic Kraft a repris l’usine des mains de Domtar une dizaine d’années suivant sa fermeture en 2008. M. Verreault ne cache pas que le site et ses composantes n’étaient pas en mesure de fonctionner. « Nous avons récupéré une turbine en bonne condition. Le reste des composantes de ce procédé en cascade n’étaient plus viables. On a même refait le toit du bâtiment. »

L’entreprise a alors lancé un vaste chantier de plus de 400 millions$ pour bâtir une usine de mise en pâte de classe mondiale. Les travaux se sont étendus sur trois ans. Fin 2020, la production était lancée. « Au départ, nous vendions notre pâte NBSK sur les marchés « spot ». Puis nous avons été en mesure de signer des ententes annuelles avec nos principaux clients. » Aujourd’hui, 90% de la production est garantie par des contrats de vente, ce qui a l’avantage de procurer la paix d’esprit aux dirigeants et quelque 300 travailleurs de l’usine.

« Toute l’infrastructure informatique a été remise à neuf et on a numérisé les contrôles de procédé, » ajoute M. Verreault. En fait, c’est quelque 91,5 km de fibre optique qui a été installée, permettant une supervision agile de la production (notamment avec 150 caméras HD).

C’est 342 millions$ CA qui sont allés directement à la relance de l’usine, dont 138 millions$ en aide financière du gouvernement du Québec, 120 millions$ en prêt d’Investissement Québec, 15 millions$ investis par Investissement Québec, 25 millions$ du Fonds de solidarité FTQ et 44 millions$ de Chantiers Chibougamau. Les principaux investissements visaient la modernisation de l’usine et l’amélioration de la performance environnementale, la mise en place d’une nouvelle ligne de production de pâte Kraft, l’installation d’une nouvelle chaudière à biomasse et la mise en place d’un système de cogénération pour produire de l’électricité et de la chaleur. La compagnie a d’ailleurs signé un contrat de production de 41,3 MW d’énergie renouvelable pour une durée de 25 ans avec la société d’État Hydro-Québec.

Des mesures tangibles pour l’environnement

À l’heure actuelle, l’usine Nordic Kraft entre dans la deuxième et troisième phase d’un programme de conversion du procédé énergétique. L’objectif est d’évacuer complètement le mazout des activités de l’usine. « Nous allons, à terme, n’utiliser que du GNL (gaz naturel liquéfié), ce qui nous permettra de générer la chaleur équivalente requise dans notre recette, tout en réduisant les gaz à effet de serre (GES) de 30% et les émissions de particules fines dans l’atmosphère de 90%, » de conclure M. Verreault.


Jaclin Ouellet
Rédacteur,
Le Maître Papetier