Le secteur des p&p en Colombie-Britannique est en crise

Source : Paper Excellence

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D’ici la fin de l’année, une fois que Paper Excellence aura indéfiniment fermé sa papetière de Crofton, la Colombie-Britannique aura perdu 58% de sa capacité de production de papier et 13% de sa capacité de production de pâte, selon David Elstone du Spar Tree Group.

« Avec seulement 16 usines de pâte et papier au total en Colombie-Britannique et 25% de capacité fermé ou sur le point de l’être, cela ne fait aucun doute : le secteur est bel et bien en crise dans cette province. L’approvisionnement en fibre est tellement difficile maintenant que si rien n’est fait à court terme, deux à trois usines de pâte font fermer la production d’ici Noël, averti Joe Nemeth, Directeur de projet pour la Coalition BC Pulp and Paper. « Ce sont deux ou trois usines de pâte qui fermeront, en plus de ce qui a déjà été fermé, d’ici 90 à 120 jours, » poursuit M. Nemeth.

Typiquement, les usines de pâte fonctionnent avec une réserve de 45 jours de billots et de copeaux. « Plusieurs d’entre elles roulent actuellement avec 5 jours ou moins de réserve. Un accroc, un petit hoquet, et c’est terminé. » Le secteur papetier fait vivre des communautés entières en Colombie-Britannique. Les usines comptent jusqu’à 400 employés et plus qui font des salaires dans les six chiffres. Une seule fermeture d’usine peut avoir des conséquences dévastatrices sur la communauté. »

La papetière de Crofton, qui doit fermer indéfiniment vers la fin de l’année, sera la troisième usine de Paper Excellence à cesser ses activités en deux ans. En décembre 2021, Paper Excellence a annoncé une fermeture temporaire de ses activités à Powell River, fermeture devenue indéfinie depuis ce temps. En 2020, c’est l’usine de pâte de Mackenzie qui a écopé pour finalement fermer de façon permanente en 2021.

Les usines de pâte contribuent de façon majeure à l’économie forestière de la région. A 3,9 milliards$ en 2021, les compagnies papetières de la Colombie-Britannique étaient au quatrième rang des exportations. Les pâtes et papiers contribuent pour 20% du PNB du secteur forestier de la province et 34% de la valeur globale des produits forestiers exportés. Le nombre d’emplois rémunérés est évalué à 11 000.

La descente aux enfers du marché des papiers est responsable de ces fermetures mais elle n’explique pas tout : le marché de la pâte souffre aussi de l’inflation des prix qui atteint jusqu’à 25% de plus que le prix médian à long terme. « Aujourd’hui, si vous faites de la pâte, vous faites de l’argent, » a résumé M. Nemeth. Mais les producteurs doivent composer avec de sérieux problèmes d’approvisionnement, en partie dus à la capacité de transport.

Et les usines de sciage ne sont pas à l’abris des intempéries. « Elles n’ont pas de débouchés naturels pour les copeaux et les écorces. Si les usines de pâte ferment, elles fermeront à leur tour. En général, il faut de trois à quatre usines de sciage pour fournir une seule usine de pâte. Cela veut dire que si trois usines de pâte ferment, elles entraînent dans leur sillage une dizaine de scieries. Les 90 prochains jours seront cruciaux pour l’avenir de l’industrie en Colombie-Britannique, » conclut M. Nemeth.


Jaclin Ouellet, Journaliste, Le Maître papetier