L’industrie papetière, secteur clé de l’économie, traverse actuellement une période de profondes mutations.
Les chiffres récents soulignent une conjoncture marquée par une baisse de la production et de la demande, des pressions économiques accrues et des exigences environnementales sans précédent.
En 2023, selon Copacel, la production de papiers et cartons a enregistré une chute de 13,5 % par rapport à 2022, atteignant seulement 6,1 millions de tonnes. Ce niveau historiquement bas traduit une contraction significative de la demande, en particulier pour les usages graphiques. Ces derniers, qui ne représentent plus que 12,4 % de la production totale, continuent de décliner, reflétant l’évolution des habitudes de consommation et la digitalisation croissante.
La consommation de papiers à usages graphiques a, quant à elle, diminué de 135,9 kg par habitant en 2013 à 105 kg en 2023. Une transition qui pèse lourdement sur les acteurs historiques du secteur.
Les entreprises papetières font face à des coûts de production élevés, en particulier dans le domaine des papiers spéciaux, dont les procédés et équipements requis sont très spécialisés. Parallèlement, une concurrence intensifiée oblige les fabricants à innover en permanence pour maintenir leur positionnement sur le marché. En conséquence, beaucoup d’entreprises ont vu leur chiffre d’affaires diminuer en 2023, tandis que les coûts élevés des intrants, notamment l’énergie, ajoutent à la complexité de la situation.
L’adoption de réglementations strictes en matière d’approvisionnement en matières premières, visant à protéger les forêts et la biodiversité, impose des contraintes supplémentaires au secteur. Les industriels doivent également investir massivement dans des technologies sobres en énergie afin de réduire l’empreinte carbone des usines et répondre aux attentes croissantes liées à l’économie circulaire. Ces ajustements, bien que nécessaires, représentent des défis financiers considérables.
Depuis 2014, selon certaines données, le nombre de sites de production a chuté de 10 %, passant de 91 à 81 usines, tandis que les effectifs ont diminué de 23 %. Des fermetures emblématiques, comme celles des papeteries de Saint-Michel, Bousbecque et Chapelle Darblay, illustrent la pression qui pèse sur le secteur.
Malgré ces vents contraires, l’industrie papetière fait preuve d’une résilience notable selon CITEO. En 2023, le taux de recyclage a atteint un record de 79,3 %, tandis que l’utilisation de papiers et cartons recyclés a grimpé à 76,9 %. Par ailleurs, les émissions de CO2 ont baissé de 5,8 %, révélant un engagement fort en faveur de la durabilité.
Pour assurer sa pérennité, l’industrie papetière française doit poursuivre ses efforts d’adaptation à un environnement en mutation. L’innovation, la diversification et la transition vers des pratiques plus durables seront des éléments déterminants pour relever les défis à venir.