Mieux comprendre la révolution 4.0

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La 4e révolution industrielle permettra non seulement d'être plus agile en personnalisant davantage les produits, mais elle permettra également de prendre des décisions basées sur des faits plutôt que des intuitions.

Bienvenue dans le monde de l'usine intelligente !

« Pour l'industrie 4.0, le terme révolution ne réfère pas à de grandes réalisations technologiques, mais plutôt à la capacité de répondre aux défis actuels et ceux du futur, a expliqué François Gingras, directeur, équipements industriels et productivité, au Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ), lors d'une présentation tenue dans le cadre de PaperWeek Canada 2018. Pour nous, ce n'est pas une question de technologie, mais plutôt la façon dont les technologies interagissent entre elles et ce que vous faites avec les données générées. »

Une des clés de la révolution 4.0 sera la gestion des mégadonnées, désormais disponibles en temps réel. « Ces données permettront de faire des simulations pour faire des prédictions et ainsi saisir des opportunités d'affaires », ajoute ce dernier.

Mais ce n'est pas tout, les données permettront aussi de faire du contrôle de la qualité tout au long de la chaine de production, de faciliter la collaboration avec les clients et les fournisseurs en partageant des données, d'optimiser l'utilisation des ressources, de réduire les coûts et le temps pour que le produit atteigne les marchés ! « C'est une nouvelle mentalité qui aidera à prendre de meilleures décisions », remarque François Gingras.

Par exemple, le CRIQ a installé des capteurs de contrôle pour calculer le taux d'humidité dans les copeaux destinés à la fabrication du papier. « Les données permettent maintenant d'ajuster la quantité de produits chimiques en temps réel pour assurer une qualité du produit optimal, et ce, bien avant d'atteindre des seuils critiques. »

Calcul des coûts de production réels, contrôle de qualité, réalité virtuelle pour remplacer les manuels d'instruction sont d'autres exemples faisant partie de l'usine intelligente.

Toutefois, il n'y a pas que des points positifs. « Il faudra intégrer des professionnels de technologies de l'information dans tous vos départements », a ajouté l'expert du CRIQ.

Pour implanter un premier projet intelligent, il faut d'abord avoir l'engagement et le dévouement des décideurs de l'entreprise, car le retour sur investissement ne se fait pas toujours sentir à court terme. « Un fabricant de produits en métal avec lequel on travaille a commencé à voir les bénéfices de son investissement après deux ans, mais depuis, les bénéfices sont exponentiels », dit-il, en suggérant de commencer avec un projet pilote en maintenance par exemple. « Des capteurs peuvent être implantés sur des équipements comme des moteurs pour prédire les signes d'usure, commander les pièces nécessaires et adapter la calendrier de production en conséquence pour minimiser les temps d'arrêt. »

Contrairement à la 3e révolution industrielle, qui a bouleversé la production dans les usines, la révolution aura davantage d'impacts dans les bureaux, estime l'ingénieur. Ce sont donc les planificateurs, les acheteurs, le secteur de la comptabilité et plusieurs autres qui devront s'adapter davantage.

Même si le risque zéro n'existe pas, il ne faut pas avoir peur de sauter dans l'aventure 4.0. « Il faut y aller une étape à la fois », suggère toutefois François Gingras. Pour permettre aux entreprises québécoises de tester différentes techniques et d'apprivoiser le concept, le CRIQ ouvrira au printemps 2018 un nouveau laboratoire 4.0.


  Guillaume Roy, Journaliste, Le Maître papetier