À l’approche des consultations publiques sur le projet de loi 97, qui vise à moderniser le régime forestier québécois, les réactions se multiplient.
Si les milieux économiques saluent la volonté de régionaliser la gestion, les scientifiques, eux, dénoncent un manque de rigueur et de consultation.
La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) appuie l’orientation générale du projet, soulignant l’importance de la prévisibilité et de la prise de décisions en région. Elle met toutefois en garde contre un éventuel alourdissement administratif et réclame des précisions sur la tarification forestière, les redevances et la gestion des chemins multiusages.
Même son de cloche du côté de la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay–Le Fjord (CCISF), qui appelle à maintenir les PME au cœur du modèle et à élargir les consultations aux acteurs économiques régionaux. Son mémoire recommande notamment de valoriser le rôle stratégique de la filière forestière et de simplifier les processus réglementaires.
Le projet de loi repose sur le modèle de la triade forestière, répartissant le territoire en zones de conservation, de multiusage et d’intensification. Ce principe, salué sur le plan théorique, est fortement remis en question par des experts comme le professeur Christian Messier, l’un de ses promoteurs. Selon lui, la réforme accorde une marge trop large à l’industrie sans les balises nécessaires, risquant de créer un climat de méfiance.
Le Centre d’étude de la forêt, regroupant 86 chercheurs, critique lui aussi le manque de transparence et d’écoute scientifique. Les experts appellent à définir d’abord les territoires à protéger avant de fixer les zones d’exploitation, et recommandent des projets pilotes avant tout déploiement à grande échelle.
Enfin, des représentants autochtones et syndicaux expriment également leurs préoccupations, craignant que la réforme bénéficie essentiellement à l’industrie forestière au détriment des communautés et de la biodiversité.
Entre attentes économiques et exigence de rigueur environnementale, le projet de loi 97 devra trouver un équilibre pour répondre à la pluralité des enjeux en jeu dans la gestion de la forêt publique québécoise.