Le secteur canadien de la foresterie est directement dans la ligne de mire de la stratégie tarifaire chaotique du président américain Donald Trump.
Le commentaire récent de M. Trump selon lequel il envisage d’imposer des tarifs douaniers supplémentaires sur le bois d’œuvre canadien importé – qui viendraient s’ajouter aux droits compensateurs et aux droits antidumping américains existants, et à la menace de droits de douane de 25 % à la frontière – démontre clairement que le secteur forestier canadien sera un point critique dans la guerre commerciale déclenchée par les États-Unis.
Même avant la menace actuelle de tarifs douaniers des États-Unis contre le Canada, le secteur de la foresterie de notre pays a été touché par une série de circonstances défavorables composée de crises répétées et entrecroisées. Une combinaison de perturbations économiques, environnementales et mondiales continue de déstabiliser l’industrie forestière dans son ensemble :
- Le manque d’accès à la fibre de bois continue d’entraver les opérations dans de nombreuses régions,
- Les effets de la destruction des insectes se font encore sentir,
- Les feux de forêt ont été moins destructeurs en 2024 que l’année précédente, mais ont quand même fait de graves dégâts et demeurent chaque année un risque considérable,
- D’importants efforts de conservation continuent de compliquer la planification à long terme,
- La stagnation générale des prix incite les entreprises à réfléchir à deux fois avant d’investir,
- Et les nouveaux règlements de l’Union européenne sont susceptibles de diminuer les ventes de produits forestiers canadiens sur ce marché et partout dans le monde.
En même temps, la crise du bois d’œuvre se poursuit, les droits compensateurs et les droits antidumping américains ayant augmenté l’année dernière, pour atteindre une moyenne d’environ 15 %. Plus tard dans l’année, nous nous attendons à une nouvelle révision qui pourrait à nouveau multiplier par deux ces droits sur le bois d’œuvre pour les porter à environ 30 %.
En dépit de ces difficultés, le secteur de la foresterie canadien demeure un moteur important de l’économie et de l’emploi, en particulier dans les petites communautés rurales, d’un océan à l’autre. En 2022, l’industrie forestière a contribué à l’économie canadienne à hauteur de 33,7 milliards de dollars, soit environ 1,2 % du PIB national. Le secteur génère des revenus annuels dépassant 87,2 milliards de dollars et fournit 200 000 emplois directs dans des centaines de communautés partout au pays.
En 2023, les exportations forestières du Canada (y compris le bois d’œuvre, les billots bruts, les copeaux de bois ainsi que les produits en bois fabriqués et les pâtes et papiers) se sont élevées à un total de près de 38 milliards de dollars. Sur ce montant, 29,3 milliards de dollars, soit environ 77 %, sont exportés vers les États-Unis.
Selon la National Association of Home Builders, dont le siège social est situé à Washington, la production nationale américaine de bois d’œuvre de résineux n’est pas suffisante pour répondre à la demande de l’industrie de la construction de logements. Les États-Unis importent du Canada environ 25 % de leur consommation totale de bois d’œuvre.
Autrement dit, en plus de fournir des produits essentiels à base de bois tels que des emballages, des couches, des produits d’hygiène, des serviettes en papier, du papier hygiénique, des magazines et des papiers spéciaux, le bois d’œuvre et les produits en bois d’ingénierie canadiens aident les États-Unis à faire face à la crise du logement à laquelle ils sont confrontés. Les travailleuses et travailleurs forestiers canadiens sont fiers de savoir que leurs produits aident des Américaines et Américains ordinaires à reconstruire leurs communautés dans des endroits comme la Caroline du Nord, qui a été durement touchée par l’ouragan Helen, et autour de Los Angeles, qui a récemment été dévastée par des incendies.
La menace de tarifs douaniers américains constitue une menace existentielle pour le secteur canadien de la foresterie. Mais en même temps, cette menace est aussi un signal d’alarme pour les gouvernements et les entreprises forestières de ce pays. Nous devons travailler ensemble pour traverser la tempête tarifaire actuelle, mais nous devons aussi nous tourner vers l’avenir pour transformer notre secteur, en bâtissant une industrie forestière plus durable, plus inclusive et plus innovante pour les générations futures.
Le Conseil de la foresterie d’Unifor et ses 22 100 membres répartis dans 10 provinces canadiennes – qui travaillent dans divers secteurs de la foresterie et de l’exploitation forestière ainsi que dans des usines de fabrication de produits du bois et de pâtes et papiers – s’engagent à défendre l’industrie forestière canadienne, à protéger les emplois, les investissements et la capacité industrielle par tous les moyens nécessaires.
Nous lutterons pour défendre et préserver nos forêts, nos scieries et nos usines, nos outils et nos machines, ainsi que les communautés qui dépendent de la forêt. Nous nous efforcerons de maintenir les opérations et de veiller à ce qu’elles servent les objectifs et les ambitions du Canada en matière de production et d’industrie.
Nous continuerons à travailler avec les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux pour développer des plans de protection économique et d’assistance financière, des stratégies de diversification commerciale, atténuer les pertes d’emploi et améliorer les dispositions en matière de sécurité des revenus pour l’ensemble des travailleuses et travailleurs. Nous nous appuierons sur les dispositions de nos conventions collectives pour faire en sorte que les membres d'Unifor – et l’ensemble des travailleuses et travailleurs forestiers canadiens – puissent surmonter ces difficultés.
Par-dessus tout, nous nous efforcerons de mettre fin à cette menace économique qui met en péril notre industrie et notre économie en général. Nous coordonnerons nos efforts avec des alliées et alliés partageant les mêmes idées et avec celles et ceux qui sont prêts à défendre un avenir plus brillant et plus prospère, fait de commerce équitable, d’emplois forestiers de qualité, de solidarité mondiale et de respect mutuel.
Unifor est le plus grand syndicat du secteur privé au Canada regroupant 320 000 membres partout au pays et présents dans pratiquement tous les principaux secteurs de l’économie canadienne.