Coup dur pour l’industrie forestière québécoise : le Groupe Rémabec a annoncé la fermeture temporaire de l’ensemble de ses opérations, entraînant la mise à pied de près de 1400 employés dans ses sept installations réparties en Mauricie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord.
Ce geste survient dans un contexte de fortes tensions commerciales avec les États-Unis, alors que les droits de douane sur le bois d’œuvre canadien atteignent actuellement 14,40 %. Ottawa et Washington sont engagés dans un cinquième conflit sur ce dossier depuis 2017. Une nouvelle révision administrative américaine prévoit même un quasi-doublement de ces tarifs d’ici l’automne, jusqu’à 34,5 %.
Dans un communiqué, Rémabec qualifie sa décision de « difficile mais responsable », affirmant vouloir préserver la viabilité de ses activités et préparer une relance lorsque les conditions de marché s’amélioreront.
Selon Unifor, principal syndicat du secteur, cette fermeture représente un véritable choc économique pour des communautés déjà fragilisées. Le syndicat déplore l’absence d’alternatives concrètes proposées par l’employeur et demande des discussions urgentes avec la direction pour explorer des options de relance.
La situation est également exacerbée par des blocages forestiers autochtones, organisés en opposition au projet de réforme du régime forestier du gouvernement Legault. Ce dernier soutient que les pertes d’emplois actuelles démontrent l’urgence d’adopter le controversé projet de loi 97, qui accorderait un accès prioritaire à près du tiers de la forêt publique pour soutenir l’industrie.
La ministre des Ressources naturelles, Maïté Blanchette Vézina, ainsi que la ministre de l’Emploi, Kateri Champagne Jourdain, ont exprimé leur appui aux travailleurs et promis un accompagnement pour la relocalisation et le retour à l’emploi.
Alors que plus de 50 % du bois québécois est destiné au marché américain, les répercussions de cette crise pourraient s’étendre bien au-delà de Rémabec. Le président d’Alliance forêt boréale, Yanick Baillargeon, évoque même un risque de fermetures définitives si la situation perdure.
Fondé en 1988, le Groupe Rémabec est l’un des plus importants acteurs privés de l’industrie forestière québécoise. L’entreprise est présente à toutes les étapes de la chaîne de valeur, de la récolte forestière à la transformation du bois, en passant par l’exploitation de scieries et d’usines de seconde transformation. Rémabec exploite plusieurs installations en Mauricie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord, et emploie habituellement environ 2000 personnes. L’entreprise est détenue majoritairement par Réjean Paré, son fondateur, et Joey Saputo, également propriétaire du CF Montréal.